PTV et Hub One, deux sociétés leaders dans la digitalisation de la fonction transport, ont associé leur savoir-faire pour développer une offre de traçabilité intégrée. Au cœur de ce partenariat, le rôle de la data est central. Dominique Gaborit, Directeur Marché T&L chez Hub One, Guillaume Vallin, son interlocuteur chez PTV et Marc Dalbard, Strategic Business Development chez PTV GROUP, partagent la même conviction : capitaliser sur la donnée requiert une maîtrise des processus du transport associée à une expertise technologique de haut niveau.
La capacité d’accompagner la transformation digitale des entreprises
Hub One, filiale du groupe Aéroports de Paris, est composé de trois divisions : un pôle Télécom qui existe depuis 40 ans, une offre Cyber Sécurité avec la récente acquisition de la société Sea Dream spécialisée dans les tests de sécurité offensive, et une division Traçabilité & Mobilité qui opère principalement dans le monde de la supply chain et du transport.
Dominique Gaborit, Directeur Marché T&L chez Hub One, aime rappeler la vocation globale de l’entreprise : « nous développons, déployons et maintenons en conditions opérationnelles des solutions métiers adaptées aux enjeux des acteurs de la distribution, du transport et de la logistique, de l’aéroportuaire ».
Les solutions PTV, quant à elles, optimisent les mobilités, mobilité des personnes et mobilité des marchandises en France et à l’international. Depuis plus de 40ans, le partenariat entre PTV et Hub One couvre un périmètre qui va de la planification stratégique jusqu’au suivi d’exécution du transport de marchandises.
Guillaume VALLIN, Account Manager chez PTV, revient sur la complémentarité et les synergies d’activité entre les deux entreprises : la maîtrise du temps réel, le suivi et l’importance de la digitalisation des données transports. « PTV facilite et fluidifie la mobilité des marchandises avec des logiciels basés sur la combinaison de données et d’algorithmes qui vont permettre de modéliser, de simuler, de planifier, de prédire, puis de suivre et de contrôler les opérations en temps réel. Nos expertises respectives s’additionnent et se complètent de la partie stratégique jusqu’à la partie opérationnelle, nous accompagnons la transformation digitale de nos clients ».
Un partenariat stratégique qui fait sens
Le partenariat entre PTV et Hub One se matérialise par l’offre Hub One Delivery, une solution de traçabilité des livraisons et marchandises d’une grande souplesse d’utilisation pour les entreprises clientes. Couplée avec une application PDA et une application back office, la solution est interfacée avec les optimisateurs de PTV. Dominique Gaborit précise : « dans Hub One Delivery, nous utilisons beaucoup les X servers pour les ETA ETD, pour la cartographie, pour tout ce qui est géolocalisation et les navigateurs PL de PTV pour la navigation PDA pour les chauffeurs ».
Pour proposer une complétude de solutions chez des clients communs, l’alliance PTV/Hub One fait sens à chaque étape d’un processus opérationnel : l’organisation du transport et son optimisation, le pilotage une fois que les camions sont partis, le réalisé, puis comparer le réalisé avec le prévisionnel et enfin remonter toutes les données dans des bases de connaissances pour permettre une amélioration continue du système supply chain.
Les données au cœur de la performance
La digitalisation de la fonction transport implique bien évidemment un certain nombre d’intermédiaires tels que les chargeurs, les prestataires logistiques et 3PL, les transporteurs prestataires et différents sous-traitants qui peuvent intervenir. « La capitalisation de la donnée est donc absolument essentielle sur l’ensemble de cette chaîne pour qu’elle soit correcte et partagée ». Et Dominique Gaborit de poursuivre : « dans le monde du transport, tout le monde exerce à peu près le même métier mais chacun est un peu différent donc afin de bien connaître l’activité de chaque client, nous procédons généralement à un gros travail d’immersion pour identifier et numériser toutes les données nécessaires à l’optimisation et au suivi de livraison ». En fonction de la taille et de la maturité digitale du client, la mise en place de la solution Hub One Delivery s’effectue sur une période de 3 à 6 mois.
Que va-t-on retrouver dans la digitalisation de la fonction transport ?
La première phase est la numérisation des données transports. Lorsqu’on parle de planification de tournées, on va retrouver des structures de besoins similaires : les commandes (les ordres de transport), les destinataires, les adresses, les longitudes et les latitudes, les temps de service, les caractéristiques des véhicules ; c’est du socle commun.
Ensuite sont collectées des données propres à l’activité elle-même et tout un ensemble de paramètres que l’on va regrouper sous le terme de contraintes ; par exemple les contraintes d’optimisation comme les plages horaires de mon client, les unités de mesure, les quantités, la nature des marchandises, les capacités de mes véhicules : est-ce que je transporte des palettes, est-ce que je suis plutôt dans du transport de barres d’acier ou de citernes, etc., tous ces éléments vont avoir une influence sur la manière dont on va qualifier les données.
Un critère essentiel, c’est la volumétrie car plus on a de clients, plus la collecte des données et leur mise à jour va nécessiter un travail important, donc tout dépend de la capacité à mobiliser les bonnes personnes pour initialiser les données manquantes dans le référentiel et surtout les faire vivre…
Car une fois ces données numérisées, on va passer à la phase d’exploitation. L‘exploitation va démarrer par la planification des tournées avec l’objectif d’optimiser les moyens mis à disposition pour assurer le meilleur service pour les livraisons et les collectes : « on est dans la prévision des moyens nécessaires pour assurer le service retenu auprès de mes clients dans le respect de leurs contraintes».
Après la planification, c’est l’étape de la réalisation : il s’agit d’exécuter les opérations toujours sur la base de ces données numérisées qui vont se transmettre au fil du processus d’un outil à l’autre.
On va pouvoir tracer les opérations, les suivre et en fonction des aléas, s’adapter et réajuster sur la base du temps réel.
Et enfin lors de cette phase d’exécution, on va récupérer un certain nombre de données transport lesquelles vont enrichir l’intégralité du référentiel de manière à effectuer un cercle vertueux d’amélioration continue, l’ensemble visant à optimiser les étapes successives du processus.
Des données qui améliorent l’expérience client
Pour Dominique Gaborit, « les attentes ont évolué aussi vite que la technologie et il faut savoir y répondre, voire les anticiper. Le client final, professionnel ou particulier, a besoin d’informations précises auxquelles il s’est habitué : à quelle heure est prévue l’arrivée du livreur ou du camion, la nature de la livraison, etc. « Nous travaillons beaucoup avec PTV sur les avances/retards ce que l’on nomme les ETA ETD, et nous mettons à disposition de nos clients ce type d’information en temps réel via des alertes sms, mails ou via notre extranet ».
Sur le terrain, « nous faisons en sorte que le transporteur puisse s’assurer que le client sera présent lors de la livraison, et que ce dernier évite de rester chez lui une demi-journée pour attendre un colis alors que nous sommes en capacité de lui donner la veille ou le matin une information très précise sur l’heure d’arrivée ».
Le traitement des litiges est également plus efficace : grâce au pilotage de tournées avec des PDA dans les camions, on peut tracer des litiges en temps réel, ce qui évite toutes les ressaisies en back office ; de plus, cela permet potentiellement sur la livraison d’un produit technologique de le renvoyer à un SAV immédiatement si jamais un dysfonctionnement était déclaré à l’installation.
De la même manière, la preuve de livraison complètement dématérialisée simplifie la relation avec le client, lequel dispose de son bon de livraison dématérialisé en temps réel sur l’extranet ou via mail, avec un ajustement en cas d’événement non programmé : « nous pouvons effectuer des tâches supplémentaires et réajuster l’acte de livraison, et potentiellement enrichir de manière interactive les bases de connaissance ».
Dominique Gaborit n’est pas avare d’arguments : « nous sommes également capables de proposer un certain nombre d’indicateurs, tout ce qui est suivi de contenants si vous avez des contenants d’une grande valeur, ou encore les suivis de températures en temps réel ».
C’est le cas dans le monde de l’agroalimentaire : « nous avons beaucoup de clients communs pour qui la température est une problématique majeure. Nous pouvons suivre et renvoyer tout ce qui est données de température en temps réel sur les outils de back office et alerter les différents responsables concernés en cas d’incidents constatés ».
Cela ouvre aussi beaucoup de possibilités de traçabilité, donc de contrôle pour s’assurer que les portes ne s’ouvrent jamais entre un dépôt et un magasin. « Grace à des capteurs d’ouverture de porte, nous pouvons détecter et localiser des arrêts camion non prévus dans un planning et des ouvertures de porte suspectes… car cela peut coûter très cher à l’entreprise. Dans ce cas précis, une alerte SMS est immédiatement envoyée aux responsables du chauffeur ».
Une multiplication de bénéfices
Marc Dalbard, Strategic Business Development chez PTV GROUP, acquiesce : “ c‘est tout de l’intérêt de partager ses données du référentiel transport entre les tables de planification et les tables de suivi d’exécution ».
Chaque jour, il est en contact avec des clients et à l’écoute de leurs problématiques : il s’emploie à promouvoir les atouts de la digitalisation à travers une expérience puisée sur le terrain. Par exemple, lorsque qu’un opérateur impose des contraintes horaires relativement fortes sur un certain nombre de clients et que l’on constate lors de l’exécution que le conducteur ne respecte quasiment jamais cette contrainte horaire : le fait de pouvoir traduire la réalité des contraintes, de la numériser, de la qualifier et de la passer aux différents outils dont l’outil d’optimisation de tournées est forcément un atout apprécié par nos clients.
Les bénéfices de la numérisation se manifestent à plusieurs niveaux : en premier lieu, l’obtention de tournées rationalisées intégrant des contraintes réelles, et optimisées sur le plan des indicateurs, est déjà totalement applicable à la réalité opérationnelle.
L’une des conséquences indirectes concerne l’optimisation en elle-même des moyens qu’ils soient propres ou affrétés par la sous-traitance. « Nous allons pouvoir améliorer le taux de remplissage et maximiser l’utilisation des moyens en fonction de leurs disponibilités et tout en respectant l’intégralité des contraintes qui nous sont posées ».
Et comment ne pas citer l’amélioration du taux de service, un objectif auquel chaque client est sensible. Rappelons que les contraintes les plus fortes lors des simulations et de la production d’optimisation de tournées sont les contraintes horaires des différents destinataires.
Le taux de service va notamment se mesurer sur la capacité à livrer la marchandise prévue au destinataire prévu mais également sur le respect de la contrainte horaire. « A l’aide de données digitalisées sur l’intégralité de ces contraintes, nous allons pouvoir obtenir mécaniquement une amélioration du taux de service, tout simplement parce qu’il sera sous contrôle à la fois dans l’outil d’optimisation et dans l’outil de suivi d’exécution ».
Simplification, sécurisation et transparence
« La digitalisation de la fonction transport est un vecteur de simplification, de sécurisation et de transparence ». Pourquoi, parce que vous disposez de toutes les données nécessaires digitalisées pour pouvoir réaliser vos différentes actions que ce soit la planification ou le suivi d’exécution sans avoir par exemple à subir une trop grande interdépendance avec les experts de votre entreprise de transport, qui auront peut-être vingt ans d’ancienneté mais dont l’intégralité des données sont uniquement stockées dans un coin de leur tête. « C’est une vraie problématique que l’on rencontre assez fréquemment chez nos clients ou les domaines d’expertise et les domaines d’intervention ne sont pas partagés. Prenons comme hypothèse la situation d’un collaborateur qui réalise la planification d’un transporteur depuis des années; en cas d’absence de dernière minute, le jour où il faut trouver une personne pour le remplacer, il n’est pas rare que la productivité de la planification s’en ressente immédiatement que ce soit sur les indicateurs quantitatifs mais également sur la partie du taux de service avec une incidence le respect des plages horaires.
C’est un « vecteur de transparence » car la donnée digitalisée utilisée sur l’intégralité du processus est partagée par tous les acteurs du transport, clients, exploitants et conducteurs : elle devient donc transparente et ouvre la porte à de nombreuses perspectives techniques et commerciales.
Des offres de services différenciées à l’auto-apprentissage
Tous les professionnels vous diront que les contraintes opérationnelles sont croissantes, qu’elles soient légales, techniques ou liées à une concurrence effrénée : « il faut toujours faire plus avec plus de contraintes et potentiellement moins de moyens ».
Pour y répondre, la digitalisation des données, associée à la maîtrise des processus et des moyens, permet de développer des offres de services différenciées : « nous sommes en capacité de proposer non pas une plage horaire de trois heures mais quasiment un rendez-vous sur une plage horaire d’une heure. C’est une contrainte additionnelle importante mais celle-ci peut être honorée et surtout valorisée au-delà des indicateurs logistiques et de la maîtrise des coûts : « la digitalisation permet de développer des perspectives commerciales d’accroissement du service inédites ».
Autre perspective induite par l’enrichissement continu du référentiel, « l’auto-apprentissage orchestrée dans nos outils par des algorithmes très complexes ». Là encore Marc Dalbard s’appuie sur des améliorations apportées dans la planification des tournées : « nous agissons sur la disponibilité effective du livreur en mesurant le temps de service, c’est-à dire le temps d’opération que celui-ci va passer chez un client pour la livraison ou le chargement ». Et grâce aux données mises à jour dans les bases de connaissance et réinjectées dans les programmes de planification, « nos applications corrigent les hypothèses initiales et adaptent les tournées à la réalité des données terrain ».
L’auto-apprentissage, c’est le fruit de l’intelligence artificielle combinée à la data : c’est notamment le géocodage de l’adresse du destinataire qui consiste à transformer une entrée orthographique en une position géographique.
« Les exemples sont si nombreux qu’ils illustrent parfaitement le fait que nous sommes clairement sur une tendance de fond qui concerne toutes les entreprises de l’écosystème supply chain et transport » conclut Dominique Gaborit. Aujourd’hui, même les PME et TPE qui ont recours à du transport ont l’obligation de numériser leurs données afin de pouvoir les exploiter correctement. « Plus encore, cette transformation digitale s’effectue à très grande vitesse et se combine avec un effet de masse qui la rend incontournable. A ce titre, la digitalisation des données est devenue un passage obligé dans le cadre de la maîtrise des processus du transport ».